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Solenn Hardeman : “Pour Music’All, c’est l’année de l’adaptation”

Hugo Bicocchi 20 avril 2021
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Solenn Hardeman est à la fois étudiante en dernière année d’école de commerce et coscénariste d’une comédie musicale, Le piège de Londres, que nous pourrons bientôt découvrir sur nos écrans. Lors de cet échange, elle nous explique le fonctionnement de son association 100% étudiante ainsi que les adaptations nécessaires face au contexte sanitaire.

Bonjour Solenn, peux-tu présenter ton parcours ainsi que ta place au sein de cette association ?

Je m’appelle Solenn, j’ai 24 ans. Je suis en ce moment un master à l’EDHEC à Lille en spécialité management des entreprises créatives, et depuis trois ans je fais partie d’une association de comédie musicale, Music’All EDHEC, qui est un projet artistique et solidaire. Nous créons chaque année une comédie musicale originale de A à Z, et nous intégrons dans le spectacle des enfants à déficience mentale. J’ai occupé plusieurs postes au sein de l’association : membre du pôle costumes et décors, responsable enfants, trésorière, et cette année je suis coscénariste.

Comment es-tu arrivée à cette passion pour la comédie musicale ?

J’ai toujours été passionnée par la scène. Depuis petite je fais de la danse, et même un peu de théâtre. J’adore chanter aussi ! Finalement, la comédie musicale fait se rencontrer toutes ces disciplines, et je trouve ça vraiment fascinant de voir à quel point les artistes qui font de la comédie musicale sont pluridisciplinaires. Je dois avouer que j’ai choisi Music’All avant l’EDHEC… Heureusement pour moi que l’école est bien ! Plus sérieusement, avant même d’intégrer l’école, j’avais été totalement séduite par le projet. J’ai notamment été marquée par le professionnalisme du spectacle, et pourtant c’est un projet 100% étudiant.

Music’All EDHEC est donc une association 100% étudiante, peux-tu nous présenter ses spécificités ?

Music’All c’est environ soixante-dix étudiants qui chaque année créent une comédie musicale originale d’un niveau semi-professionnel. Tout y passe : le scénario, les costumes et décors, les arrangements musicaux, les chorégraphies, ou encore la communication ! Tout commence par la présentation d’un scénario rédigé durant l’été, et dès septembre, tous les pôles s’attèlent à construire le spectacle qui doit sortir quelques mois plus tard. L’objectif ? Deux représentations aux Théâtre Sébastopol de Lille et une au Colisée de Roubaix. En tout, nous recevons près de trois mille spectateurs chaque année ! Pour ce faire, nous adoptons un rythme plutôt intense. Dès janvier, on commence les week-ends de répétitions. Il y en a huit en tout, pendant lesquels chaque pôle met la main à la pâte. C’est l’occasion de monter plus concrètement la comédie avec les artistes. Sur scène, il y a des solistes, des choristes, des musiciens, des danseurs et des enfants ! Les enfants occupent une place très précieuse dans le projet.

© Ugo Ponte

Pourquoi intégrer des enfants en situation de handicap dans votre spectacle ?

Les enfants viennent de l’IMPro du Roitelet à Tourcoing. Nous sommes partenaires de cet institut depuis onze ans maintenant. L’intérêt de ce partenariat est de faire grandir les enfants grâce aux disciplines que nous maitrisons au sein de l’association, c’est-à-dire le théâtre et le chant, parfois même la danse. Cela leur permet de développer de nombreuses compétences, notamment d’expression orale mais aussi d’ouverture aux autres. C’est un lourd travail, puisque nous les voyons tous les jeudis pour réviser leurs scènes et tableaux. Je tiens particulièrement à cette dimension solidaire, et en tant que scénariste, j’ai eu à cœur de les intégrer d’une manière centrale dans l’histoire. Leur présence est cruciale, ils sont le fil rouge de l’aventure que nous avons imaginée cette année. Sans eux, pas de dénouement ! Je dois dire que l’émotion est grande lorsqu’ils montent sur scène, les étoiles dans les yeux, fiers de prouver que la différence n’exclut pas la compétence.

Revenons quelques mois en arrière. Peux-tu nous expliquer le processus pour devenir coscénariste pour Music’All ?

Pour être coscénariste, j’ai dû écrire l’année dernière, au printemps, un scénario de candidature, seule, que j’ai soumis à l’équipe de scénaristes précédente. Ensuite, ils passent le flambeau à une nouvelle équipe qu’ils constituent. Il en est de même pour les responsables artistiques : théâtre, chant, choristes, musique, danse. Globalement, c’est comme ça que ça se passe dans l’association, notamment au sein de l’équipe organisatrice. Les responsables des pôles qui sont en deuxième année (M1) choisissent le responsable de l’année suivante parmi la jeune génération (pré-master). Pour les artistes, c’est un peu différent ! Des castings sont organisés à partir du mois de septembre pour trouver de nouvelles perles rares. Il n’est pas forcément nécessaire d’être à l’EDHEC pour être artiste à Music’All, simplement étudiant, talentueux et disponible !

Cette année, tu es coscénariste pour la comédie. Peux-tu nous expliquer quelles sont tes missions tout au long de l’année ?

Nous sommes trois à avoir écrit le scénario cette année : Grégoire, Antoine et moi. Nous avons pris un peu moins de quatre mois à l’écrire durant l’été, puis nous l’avons dévoilé à l’ensemble de l’association fin octobre. La soirée du dévoilement interne est un moment clé à Music’All : c’est là que les solistes découvrent leurs rôles, que les musiciens anticipent (déjà ?) leurs partitions, que le pôle costumes et décors prend peur face aux idées toujours plus farfelues chaque année… Finalement, c’est là que l’ensemble de l’association se familiarise avec l’univers que nous avons imaginé en trio durant l’été, et qui va formater le travail de chacun toute l’année ! La prochaine étape pour moi, c’était de préparer les week-ends de répétitions générale. Le metteur en scène, c’est Antoine. Avec lui, j’ai pu imaginer comment donner vie à notre histoire. Il m’a laissé une place importante dans la construction du spectacle, et je le remercie énormément pour cela car je me suis découvert une véritable passion pour l’art de la mise en scène. Déjà, imaginer et écrire ce scénario était une expérience incroyable, mais de pouvoir participer à sa mise en scène était d’autant plus palpitant.

Cette année n’est pas comme les autres, les théâtres sont toujours fermés. Comment vous êtes-vous adaptés pour pouvoir présenter votre spectacle dans quelques semaines ?

C’est certain que cette année a été extrêmement singulière pour Music’All. Déjà l’année dernière le spectacle a eu lieu en mars une semaine avant le confinement… Nous avons eu de la chance. À l’annonce de la nouvelle équipe fin avril, on ne pensait pas qu’un an plus tard nous serions encore dans cette même situation et étions sûrs de pouvoir jouer au Théâtre Sébastopol comme chaque année. Et pourtant… Nous avons échappé de peu au couvre-feu en octobre et avons pu faire la soirée de dévoilement interne normalement. Ensuite, les pôles ont dû s’organiser en visio pour apprendre leurs textes, créer les chorégraphies, faire des exercices de chant. Déjà nous savions que ce serait l’année de l’adaptation. Les artistes et le staff ont vraiment beaucoup de mérite d’avoir pu faire avancer le projet avec tant de flexibilité et dans une ambiance bien loin de celle à laquelle nous sommes normalement habitués. Très vite, il a fallu prendre des décisions clés : passer sur un format de captation et faire une croix sur la présence du public. Un sacrifice difficile à digérer ! Nous avons dû totalement réarranger l’organisation du spectacle dans des délais très courts pour nous adapter à ce nouveau format inédit sans pour autant que la qualité du spectacle ne soit affectée. Par ailleurs, nous avons été très stricts sur le protocole sanitaire au sein de l’association, et notre présidente, Fatma, a géré cet aspect d’une main de maître. Les équipes ont toutes été testées, plusieurs fois, afin que nous puissions filmer le spectacle sereinement. On peut dire que cette année, nous sommes sacrément montés en compétences d’un point de vue gestion de crise ! Mais à Music’All, on parle souvent d’une bonne étoile qui veille sur notre projet et nous sommes ravis cette année encore d’avoir pu surmonter tous les obstacles et présenter un spectacle dont nous sommes fiers.

Peux-tu nous teaser votre spectacle Le piège de Londres ?

“Londres 1972, un soir d’été. Alors que le quartier de Notting Hill est en fête, trois jeunes Londoniens que tout oppose, vont faire la rencontre d’une mystérieuse sorcière. Quelques secondes suffiront à cette enchanteresse pour les expédier dans une aventure hors du temps et de l’espace. Piégés dans ce monde fantastique, Auguste, Lisa et Stan n’ont maintenant que vingt-quatre heures pour espérer sortir de cette malédiction avant d’être définitivement prisonniers de la terrible Bromélia.”
Soyez prêts à être plongés dans un univers magique qui vous transportera !




Pour conclure, quand et comment pourrons-nous le voir ?

Vous pouvez voir Le piège de Londres en ligne en prenant votre place sur notre site internet pour les 12 et 15 mai 2021. L’avantage de ce format virtuel, c’est que nous pouvons toucher un plus large public ! Aussi, cette année, exceptionnellement, le spectacle est filmé et monté par des professionnels. J’ai eu la chance de déjà en voir quelques images et croyez-moi, vous ne voulez pas rater ça… Donc rendez-vous derrière votre écran pour découvrir ce spectacle de qualité qui vous rappellera les soirées culturelles d’antan !

Vous pouvez suivre Music’All EDHEC sur Instagram et sur Facebook.
Vous pouvez également réserver vos places pour les diffusions en ligne des 12 et 15 mai en suivant ce lien.

Propos recueillis par Hugo Bicocchi

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